Prévention des pneumonies associées à la ventilation dans les unités de soins intensifs en Europe: une enquête en ligne.

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Introduction

Les pneumonies associées à la ventilation mécanique (PAV) concernent environ 7% des patients admis pour plus de 2 jours dans une unité de soins intensif [1] et constituent donc un problème majeur. Les pratiques cliniques de prévention peuvent être classées en 3 catégories. Comme pour les autres infections liées à un dispositif invasif, il convient tout d’abord de limiter l’exposition : dans ce cas en préférant la ventilation non mécanique quand cela est possible, en en limitant la durée au strict nécessaire quand la ventilation mécanique apparait indispensable. Les autres pratiques de prévention visent à réduire la colonisation des voies respiratoires (par exemple, par la pratique régulière de soins de bouche à la chlorhexidine), ou encore à prévenir l’inhalation de sécretions par exemple, en maintenant une pression adéquate du ballonnet). Ces interventions doivent être combinées, dans ce qui est souvent appelé un « faisceau de soins » (« care bundle »). En pratique, le contenu précis des  faisceaux de soins pour la prévention des PAV  varie selon les guidelines, parce que certaines pratiques de prévention sont controversées, que le nombre d’éléments repris dans un « bundle » est forcément limité, et parce qu’une approche pragmatique requiert des compromis. Il n’existe pas de « faisceau de soin » universellement accepté. Une étude visant à définir des recommandations européennes s’est attachée à classer les pratiques cliniques de prévention des PAV en combinant différents critères tels que la force des preuves quant à l’efficacité de la pratique, son impact estimé, et sa facilité de mise en œuvre.[2] Les « gagnants » du classement étaient (dans l’ordre) :

1) pas de changement du circuit de ventilation, sauf si spécifiquement indiqué,
2) hygiène des mains stricte, avec solution hydroalcoolique,
3) interruption quotidienne de la sédation, et protocole de sevrage (pour limiter au strict nécessaire la durée de ventilation invasive,
4) soins de bouche à la chlorhexidine et
5) contrôle quotidien de la pression du ballonnet.

Il ne suffit pas de formuler des recommandations de bonne pratique, encore faut-il que ces recommandations soient suivies et démontrent qu’elles ont l’effet escompté. Toute dynamique d’amélioration de la qualité des soins passe par la mesure des processus (observance à ces recommandations), et des résultats. D’une part, cela est indispensable dans une perspective de suivi et d’évaluation, mais d’autre part la mise en place d’un système de mesure est en elle-même une stratégie d’implémentation des bonnes pratiques cliniques. Le slogan « choc » d’une association américaine pionnière dans le domaine de la qualité des soins (Institute for Health Improvement) est : «ce qu’on ne peut pas mesurer, on ne peut pas l’améliorer».

Les objectifs de notre étude étaient de documenter, au moyen d’une enquête, 1) les pratiques rapportées de prévention des PAV dans les unités de soins intensifs (pratiques cliniques – et systèmes de mesure des processus et des résultats) ; et d’autre part l’attitude par rapport à la mise en place d’un système de mesure, comme stratégie d’implémentation de recommandations de bonne pratique.

Méthodes

 Notre population cible était constituée de médecins travaillant dans des unités de soins intensifs. Le questionnaire comprenait 3 parties : caractéristiques du répondant et de son unité, pratiques de prévention des PAV en usage dans son unité (y compris mesures d’observance et de résultats), et attitudes concernant les systèmes de mesure. En l’absence de référence universellement acceptée, et dans le souci de faire un questionnaire court, afin de stimuler la participation, nous avons choisi de limiter les pratiques cliniques au «top 5» des pratiques listées dans l’étude mentionnée plus haut.[2] Nous avons évité à dessein d’utiliser le terme «surveillance», car ce terme est parfois associé chez les cliniciens à des connotations négatives (contrôle, jugement). Le questionnaire a été mis en ligne dans 6 langues (français, anglais, allemand, italien, espagnol, portugais)   et distribué au travers de sociétés scientifiques de soins intensifs, tant nationales qu’internationales pendant 5 mois en 2012. La participation était anonyme.

Résultats

Nous avons reçu 1730 réponses en provenance de 77 pays différents. Pour obtenir des estimations européennes nous avons pondéré (selon la taille de la population du pays) les 1281 réponses provenant de 16 pays européens pour lesquels au moins 10 réponses étaient disponibles. Ces répondants européens (en principe, tous médecins) avaient en moyenne une expérience de 13 ans dans une unité de soins intensifs, 28% étaient des femmes. Les résultats principaux – Europe et Belgique – sont présentés dans le tableau 1.
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Discussion

La participation importante à cette enquête est un point positif et souligne l’intérêt de la communauté des intensivistes pour le problème des PAV. Ces résultats mettent cependant en évidence les points faibles dans les pratiques de prévention dans les unités de soins intensifs en Europe. Les pratiques visant à limiter l’exposition au dispositif invasif sont les moins utilisées, et si certaines pratiques apparaissent relativement connues (soins de bouche à la chlorhexidine), l’observance n’est guère mesurée. Les médecins et infirmières hygiénistes belges ont suffisamment d’expérience dans la mesure de l’observance à l’hygiène des mains que pour savoir qu’il existe une différence importante entre ce que l’on fait, et ce que l’on croit faire !

A peine la moitié des répondants affirme compter et enregistrer les PAV dans son unité, moins d’un quart est en mesure de fournir une estimation du taux de PAV. Cela contraste de manière surprenante avec la majorité qui estime pourtant que « ce qu’on ne peut pas mesurer, on ne peut pas l’améliorer », et affirme être prêt à mettre en place, ou à soutenir, un système de mesure dans une perspective de prévention, tout en exprimant de la méfiance vis-à-vis des données récoltées.

Ces résultats doivent être appréhendés de manière critique. Tout d’abord, nous ne pouvons prétendre qu’il s’agit d’un échantillon représentatif de notre population d’étude. On peut cependant supposer que les personnes ayant répondu volontairement à cette enquête, après avoir été sollicitées par le biais de sociétés scientifiques nationales ou internationales, sont peut-être plus motivées, et mieux informées que celles n’ayant pas participé. D’autre part les pratiques rapportées en disent plus sur la connaissance du médecin, que sur ce qui se passe réellement dans son unité. Les biais de cette enquête laissent donc à penser que les résultats présentés ici embellissent quelque peu la réalité.

La liste de pratiques cliniques que nous avons choisie comme base de notre enquête, pourrait aussi être critiquée. Certains lui reprocheront l’absence de pratiques basées sur des preuves solides, telles que par exemple le drainage des secrétions subglottiques.

Dans la mesure où ces résultats surestiment ce qui se passe effectivement sur le terrain, cette enquête, malgré les critiques qui peuvent lui être adressées, permet néanmoins d’identifier des priorités pour la prévention des PAV.

Améliorer la connaissance des recommandations de bonne pratique clinique est un pré-requis, mais cela est loin d’être suffisant pour améliorer les pratiques. La majorité des médecins s’accorde sur la nécessité de mesurer de qu’ils font : ils pourraient être aidés dans ce sens par la mise à disposition d’outils de récolte de données en ce qui concerne les processus (à l’instar des méthodes standardisées de mesure de l’hygiène des mains) et les résultats (définitions de cas standardisées pour l’enregistrement des PAV), dans un but de suivi des tendances au niveau local. Peu de cliniciens connaissent la différence entre un diagnostic de PAV, et une définition de cas à visée d’enregistrement. Un diagnostic obéit à une logique clinique, il mène à une décision de traitement, il doit être aussi « juste » que possible et ne peut pas être entièrement standardisé. Par contre, une définition de cas à visée d’enregistrement doit être avant toute chose reproductible, afin de permettre les comparaisons dans le temps : la standardisation est sa caractéristique essentielle, au détriment éventuel, dans un certain nombre de cas, de sa «justesse».

Enfin, il est nécessaire de trouver un compromis pragmatique entre le temps passé à récolter des données, et l’utilité de celles-ci dans une perspective de prévention.

Conclusions

Cette enquête a permis de documenter le potentiel important pour l’amélioration des pratiques de prévention des PAV dans les unités de soins intensifs, en Belgique, en Europe, et ailleurs. Certains résultats – tels que la perception générale que « ce qu’on ne peut pas mesurer, on ne peut pas l’améliorer » ont des implications plus larges que la seule prévention des PAV. Promouvoir les recommandations de bonne pratique doit aller de pair avec la promotion des mesures d’observances à ces recommandations, ainsi que des mesures de résultat, comme un outil d’amélioration de la qualité des soins, tout en maintenant les systèmes de récolte de données aussi simples que possible. L’important n’est pas d’être parfait, mais d’être utile.

Notes

Cette étude a été financée par l’Union Européenne (Project IMPLEMENT , DG SANCO, Grant Agreement N° 2009-11-07). L’article, les résultats détaillés par pays (sous forme de fichier Excel), ainsi que la base de données complète, sont disponibles en ligne librement.

Article : http://www.aricjournal.com/content/2/1/9/abstract

Résultats par pays : http://www.aricjournal.com/imedia/8378642499462451/supp1.xls .

Base de données complète exploitable à des fins scientifiques (sur un site de dépôt de données international). http://datadryad.org/  

Bibliographie

1. European Centre for Disease Prevention and Control: Surveillance of health-care associated infections in Europe 2007 . Stockholm, Sweden; 2012.
2. Rello J, Lode H, Cornaglia G, Masterton R: A European care bundle for prevention of ventilator-associated pneumonia. Intensive Care Med 2010, 36:773-780.

 

 

Ensemble évitons les infections

À l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène des mains, le 5 mai, le SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement a lancé un nouveau site internet: www.vousetesendebonnesmains.be. Le site internet a pour objectif de mettre en avant le rôle du patient dans la prévention des infections liées aux soins.

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Cela fait longtemps que les patients atteints de maladies chroniques telles que le diabète ou l’asthme sont étroitement impliqués dans leurs soins, ce qu’on appelle également « l’empowerment du patient » dans la littérature scientifique. L’empowerment du patient gagne également en importance dans d’autres affections. Le SPF Santé publique souhaite ainsi encourager les patients à demander à leurs soignants de se désinfecter les mains correctement et aux bons moments. Une bonne hygiène des mains s’avère essentielle si l’on veut éviter la transmission d’infections liées aux soins.

Le SPF Santé publique a lancé pour la première fois en 2005 une campagne de promotion de l’hygiène des mains dans les hôpitaux belges, qui s’adressait aussi bien aux soignants qu’aux patients. Avec le temps, l’accent a de plus en plus été mis sur les patients et, lors des dernières campagnes, des dépliants étaient à leur disposition pour les encourager à demander à leurs soignants de se désinfecter les mains.

Le lancement du site internet www.vousetesendebonnesmains.be est l’étape suivante de sensibilisation du grand public. Ce site internet met à disposition des informations scientifiquement correctes sur l’hygiène des mains et les infections liées aux soins, également d’application pour les membres de la famille et les visiteurs des patients. Le site donne en outre des informations à l’intention des personnes porteuses d’un germe multi-résistant, à savoir les mesures de précaution à respecter durant leur séjour à l’hôpital ainsi que des conseils à leur retour à la maison et en cas de nouvelle hospitalisation. Enfin, ce site sert de forum sur lequel les hôpitaux peuvent mettre en exergue leurs initiatives de promotion de l’hygiène des mains.

N’hésitez pas à promouvoir le nouveau site web auprès de vos patients! Par l’affichage du poster promotionnel (télécharger le ici), en plaçant sur le site de votre institution un lien vers le nouveau site web ou en mentionnant l’URL du site web dans des brochures destinées aux patients.

Pour plus d’informations sur les campagnes nationales de promotion de l’hygiène des mains dans les hôpitaux, consultez www.handhygienedesmains.be. Cliquez ici pour les résultats de la 5ème campagne nationale (2013) de promotion de l’hygiène des mains dans les hôpitaux.

Journée d’étude sur l’hygiène hospitalière, 24 mars 2014 – NVKVV 40e Semaine des Infirmiers et Sages-femmes à Ostende

Présidentes de la journée : 
Anita Truyens, infirmière en hygiène hospitalière, Regionaal ziekenhuis Heilig Hart Tienen
Caroline Haesebroek, infirmière en hygiène hospitalière, Regionaal ziekenhuis Heilig Hart Leuven 

Pendant la 40e semaine des infirmiers et sages-femmes, la journée d’étude dédiée à l’hygiène hospitalière a abordé un sujet d’actualité : « Cadres référentiels et recommandations : de la théorie à la pratique ». Renforcer la confiance dans les soins de santé, montrer que nous sommes sur la bonne voie. Perpétuellement offrir de la qualité et la garantir au sein de l’organisation. Il y a de plus en plus de demandes de justification (externe) : … juste dire que vous faites de votre mieux ne suffit plus…. Mais comment savoir que nous sommes sur la bonne voie ? Au cours de cette journée d’étude, des conférenciers ont essayé d’y répondre. La matinée a abordé les cadres référentiels offerts dans le cadre de l’Inspection des Soins et l’Accréditation. Durant l’après-midi, les conférenciers ont évoqué les recommandations imposées par le Conseil supérieur de la Santé. Comment les cadres référentiels et les recommandations théoriques sont-ils mis en pratique ? 

Pendant la 40e semaine des infirmiers et sages-femmes, la journée d’étude dédiée à l’hygiène hospitalière a abordé un sujet d’actualité : « Cadres référentiels et recommandations : de la théorie à la pratique ». Renforcer la confiance dans les soins de santé, montrer que nous sommes sur la bonne voie. Perpétuellement offrir de la qualité et la garantir au sein de l’organisation. Il y a de plus en plus de demandes de justification (externe) : … juste dire que vous faites de votre mieux ne suffit plus…. Mais comment savoir que nous sommes sur la bonne voie ? Au cours de cette journée d’étude, des conférenciers ont essayé d’y répondre. La matinée a abordé les cadres référentiels offerts dans le cadre de l’Inspection des Soins et l’Accréditation. Durant l’après-midi, les conférenciers ont évoqué les recommandations imposées par le Conseil supérieur de la Santé. Comment les cadres référentiels et les recommandations théoriques sont-ils mis en pratique ?

 Au niveau des autorités, les hôpitaux sont de plus en plus évalués sur la qualité des soins qu’ils offrent. Nous avons déjà fait connaissance avec les « indicateurs qualité » et les « cadres d’exigences» qui sont liés à une visite obligatoire de « l’ inspection des soins ». En outre, de nombreux hôpitaux optent pour une accréditation par un organisme externe, la JCI ou le NIAZ. L’année dernière, le NIAZ a décidé de suivre le programme d’agrément canadien Qmentum qui est, comme la JCI, une méthode utilisant des traceurs et orientée sur les processus (liés aux patients) afin de vérifier si les soins sont effectivement dispensés de manière correcte et sécuritaire et conformément aux procédures.

L’UZ Gent se prépare à un audit d’accréditation de NIAZ Qmentum, planifié fin 2015.

La première conférencière de la matinée, le Dr Isabel Leroux, médecin hygiéniste à l’UZ Gent, souligne que le trajet de préparation est au moins aussi important que l’attestation elle-même. Elle a également argumenté que l’équipe en hygiène hospitalière n’est pas la seule à détenir les normes relatives à la prévention des infections et à la lutte contre celles-ci, c’est également le cas de la pharmacie, du service de stérilisation centrale et d’autres instances. Une bonne communication et une interaction entre ces différents acteurs est donc essentielle.

Outre le soutien de la direction, pour libérer des fonds financiers supplémentaires, c’est surtout le changement de culture qui est crucial parmi les collaborateurs. En effet, viser la qualité et une sécurité du patient maximale ne peut pas uniquement relever de la responsabilité de quelques collaborateurs dédiés à la qualité. Tout collaborateur au sein de l’établissement de soins en est responsable.

L’UZ Leuven a déjà plus d’expérience avec l’accréditation. Après une première accréditation en 2010, l’UZ Leuven a obtenu en 2013 une nouvelle accréditation.

Le Prof. Dr Annette Schuermans, médecin hygiéniste à l’UZ Leuven a relaté avec beaucoup d’enthousiasme ses expériences avec l’accréditation JCI.

Des auditeurs indépendants, formés en interne, contrôlent trois cent cinquante standards, dont 25 se rapportent à la prévention et au contrôle des infections.

Ces standards définissent des structures et processus devant être présents ou des critères de performance auxquels il doit être satisfait afin de pouvoir offrir, en tant qu’hôpital, des prestations de soins et de services de haute qualité. Chaque standard repose sur un objectif et comprend au moins un élément mesurable. Au total, il y a environ 1300 éléments mesurables dont 86 sont liés à la prévention et au contrôle des infections. Le trajet d’accréditation a montré à quel point l’équipe d’hygiène hospitalière est importante et ‘indispensable’.

La Belgique est dotée d’une structure d’état complexe, répartissant les compétences entre le gouvernement fédéral, les Communautés et les Régions. Depuis la réforme de l’état de 1980, la Flandre est compétente pour les matières personnalisables comme les soins de santé et l’aide sociale.

Grâce au nouveau modèle de surveillance de l’Inspection flamande des Soins (Vlaamse Zorginspectie), les hôpitaux flamands peuvent choisir entre une surveillance du système et une accréditation auprès d’une organisation internationale agréée. Les hôpitaux qui entreprennent un tel trajet d’accréditation ne sont plus soumis à une surveillance du système, mais à une inspection de l’application : une vérification très ciblée et concrète de la pratique des soins.

L’année dernière, beaucoup d’entre nous ont déjà fait connaissance avec la première inspection de l’application, au cours de laquelle l’Inspection des Soins s’est focalisée sur le trajet de soins chirurgicaux. Ce ‘premier cadre d’exigences’ a été élaboré par l’Agence flamande Soins et Santé (Agentschap Zorg en Gezondheid – Z&G) en collaboration avec l’Inspection des Soins et en concertation avec le service de Surveillance de la Santé publique, des professionnels et les réseaux des hôpitaux.

Le Dr Els Van Dingenen, médecin auprès de l’Agence flamande Soins et Santé, a fait un exposé passionnant sur le fonctionnement de son équipe. Elle a expliqué comment les cadres d’exigences sont établis et a déjà soulevé un coin du voile du prochain cadre d’exigences : le trajet de soins en médecine interne. L’Agence flamande de l’Inspection des Soins veille à ce que la réglementation soit respectée et à ce que les ressources étatiques soient dépensées raisonnablement et en toute transparence. À cet effet, l’Inspection des Soins effectue des inspections et établit des rapports. L’Inspection des Soins fait une sélection parmi les cadres d’exigences publiés et se base sur cette sélection pour inspecter.

Mme Lieve Van Segbroeck, responsable d’équipe de l’Agence flamande de l’Inspection des Soins a expliqué comment les visites d’inspection sont organisées. L’Inspection des Soins effectue une visite non annoncée, mais tout le personnel sait au préalable quand une série d’inspections spécifiques commence et ce qui sera inspecté. Vu l’importance accrue qu’accordent les autorités mais également le citoyen et le secteur hospitalier lui-même, à la transparence, le modèle de surveillance s’oriente, en deux étapes, vers une publication active des rapports d’inspection. Lors des inspections du trajet de soins chirurgicaux, les hôpitaux étaient encouragés à publier leur rapport d’inspection sur leur propre site Web ; l’Inspection des Soins publiera elle-même les rapports dans le cadre du trajet en médecine interne.

L’après-midi, la journée d’étude était consacrée aux recommandations concrètes du Conseil supérieur de la Santé et à leur mise en pratique au sein des hôpitaux. L’AR du 26 avril 2007 stipule que l’équipe d’hygiène hospitalière doit implémenter les directives et recommandations d’instances officielles comme le Conseil supérieur de la Santé. Les conférenciers se sont inspirés de ces recommandations pour diriger leurs projets dans leur propre établissement.

Marylène Vereycken est infirmière en hygiène hospitalière à la Clinique Saint-Jean à Bruxelles. Elle a décrit comment elle a amélioré l’hygiène des mains au sein de son propre établissement. En janvier 2009, le CSS a écrit des recommandations en matière d’hygiène des mains (Recommandations en matière d’hygiène des mains durant les soins. Recommandation CSS no 8349). Ces recommandations recommandent, entre autres, de participer à la campagne nationale pour l’hygiène des mains comme méthode pour obtenir un changement de comportement. Dans la Clinique Saint-Jean, il a été opté pour une campagne intensive par un accompagnement ciblé au lieu d’une campagne à l’échelle de l’hôpital. Une approche ciblée par service a permis d’atteindre plus de prestataires de soins. Cela a eu un impact positif sur l’observance de l’hygiène des mains après la campagne.

Ensuite, ce fut au tour de Kathleen Rottey, infirmière en hygiène hospitalière à l’AZ Sint-Maarten à Malines-Duffel. Elle se base sur les recommandations relatives à la vaccination contre la grippe publiées chaque année par le Conseil supérieur de la Santé pour la prochaine saison hivernale (Vaccination contre la grippe saisonnière. Saison hivernale 2013-2014. Avis CSS no 9124). L’AZ Sint-Maarten a augmenté le taux de vaccination dans son hôpital auprès des prestataires de soins de 38,5% en 2012 à 58,42% en 2013 (médecins, collaborateurs, bénévoles). Ce résultat a pu être obtenu grâce à une sensibilisation des prestataires de soins, en donnant beaucoup d’informations et en proposant la vaccination sur les services mêmes par le biais d’une équipe de vaccination. Une action nécessitant beaucoup de travail, mais réussie !

An Willemse est infirmière en hygiène hospitalière à l’Onze-Lieve-Vrouw ziekenhuis à Alost. Dans sa présentation, elle s’est focalisée sur une recommandation récente du Conseil supérieur de la Santé relative au contrôle des infections durant les travaux de construction et de rénovation (Recommandations en matière de prévention des infections durant les travaux de construction, de rénovation et les interventions techniques dans les Institutions de soins. Recommandations pour employés internes et externes. Recommandation CSS no 8580). Ce document s’est avéré très utile car de nombreux hôpitaux sont tôt ou tard confrontés à des travaux de construction ou de rénovation dans leur établissement qui comprennent un risque de micro-organismes liés à la poussière (comme Aspergillus) et liés à l’eau (comme Legionella). Une des tâches importantes (mais pas faciles) de l’équipe d’hygiène hospitalière est de conseiller les entrepreneurs et les ouvriers en la matière.                   L’année dernière, l’OLV Aalst a réalisé quelques succès en la matière, comme par exemple la concertation structurelle avec le coordinateur en construction, l’établissement de directives et règlements spécifiques durant les travaux de construction et l’implication de l’équipe dans l’établissement des plans de rénovation. Mais Mme Willemse souligne que le changement ne s’implémente pas sans difficulté et a donc donné quelques conseils pour renforcer la persévérance.

L’exposé suivant a été donné par Guido Demaiter. Il est infirmier en hygiène hospitalière à l’AZ Groeninge à Courtrai. Sa présentation portait sur la recommandation du Conseil supérieur de la Santé relative à la prévention des infections postopératoires au sein du quartier opératoire (Recommandation pour la prévention des infections postopératoires au sein du quartier opératoire. Recommandation CSS no 8573 – Mise à jour 23/07/2014). Il a fait partie du groupe de travail du CSS devant écrire un avis à ce sujet et a rapidement mis tout en œuvre pour effectuer au sein de son hôpital des mesures de qualité. Suite à l’accréditation JCI, l’équipe d’hygiène hospitalière a introduit le bouquet de soins VMS en respectant 4 éléments du bouquet de soins : prophylaxie antibiotique, épilation préopératoire, normothermie périopératoire et réduction du nombre de mouvements de porte. Ces éléments sont contrôlés par le biais d’audits internes annuels, ensemble avec d’autres mesures d’hygiène établies dans le règlement d’ordre intérieur (hygiène des mains, vêtements, nettoyage et désinfection,…).

André De Haes est infirmier en hygiène hospitalière à l’AZ Sint-Maarten Malines-Duffel, où une épidémie d’EPC s’est déclarée en 2012. L’équipe d’hygiène hospitalière a tenté de limiter la propagation d’EPC en appliquant les recommandations du Conseil supérieur de la Santé entre autres (Mesures à prendre suite à l’émergence des entérobactéries productrices de carbapénémases (CPE) en Belgique ; Avis CSS no 8791). Depuis 2011, l’hôpital a admis 66 patients EPC connus, dont le dépistage est effectué à l’aide de frottis rectaux et d’échantillons des selles. Les mesures ont été établies en deux procédures internes : une mesure lors de l’admission d’un patient EPC colonisé/infecté et une autre lorsqu’une épidémie est suspectée. Ces mesures varient entre hygiène des mains améliorée, isolement de contact et même isolement de cohorte d’un service. Cette procédure a permis de s’attaquer à l’épidémie avec succès.

Yvo Bories fut le dernier conférencier de la journée. Il est infirmier en hygiène hospitalière à l’AZ Nikolaas à Saint-Nicolas. Il a approfondi le sujet des EPC, et plus particulièrement par rapport aux lave-bassins. Pouvons-nous tout simplement faire confiance aux lave-bassins pour lutter contre la propagation des bactéries commensales intestinales multirésistantes ? Dans une édition précédente du Noso Info, vous trouverez une réponse approfondie à cette question (2013 n° 4, 6-9).

Pendant cette journée d’étude, nous avons eu, d’une part, un aperçu des différents cadres référentiels destinés aux hôpitaux sous la forme d’une Inspection des Soins et d’Accréditation. D’autre part, des éclaircissements ont été donnés sur la façon selon laquelle des infirmiers en hygiène hospitalière se sont frayés un chemin dans ce bouquet de recommandations. Cette journée d’étude offre un soutien pour implémenter des recommandations et des cadres référentiels dans son propre établissement.

Nous pouvons conclure que les organisations qui veulent atteindre l’excellence vérifient en permanence à quel stade elles se trouvent, comment elles peuvent limiter leurs risques ou les transformer en opportunités, comment assurer le bon déroulement de leurs processus et où des améliorations s’imposent. Améliorer tout en garantissant la qualité permet à l’organisation d’atteindre le plus haut niveau.

On a lu pour vous

Janota J., Sebkova S., Visnovska M., Kudlackova J., Hamplova D., Zach J.

Hygiene with alcohol hand rub and gloves reduces the incidence of late onset sepsis in preterm neonates.

Acta Paediatrica, 2014 June 27

L’objectif de l’étude est d’évaluer l’impact d’un protocole d’hygiène des mains utilisant le lavage des mains, la solution hydro alcoolique et les gants lors des soins administrés à des enfants prématurés nés après 31 semaines de gestation, sur le taux d’attaque d’incidence du sepsis tardif (LOS). Nous avons inclus tous les bébés nés entre 32 semaines +0 et 36 semaines +6 de gestation et admis à l’unité de soins intensifs néonatals. Nous avons suivi un protocole d’hygiène des mains comprenant le lavage des mains et solution hydro alcoolique (période hydro alcoolique) pendant le 6 premiers mois et un protocole de lavage des mains, solution hydro alcoolique et gants (période gants) pendant les 7 mois suivants. Les groupes solution hydro alcoolique et gants sont respectivement constitués de 111 et 89 patients. Les résultats ont montré que 5 patients ont été diagnostiqués avec un total de 6 périodes de LOS dans le groupe solution hydro alcoolique et l’incidence de LOS pendant cette période hydro alcoolique est de 2,99/1000jours d’hospitalisation et 54,1/1000admissions. Aucun patient LOS n’a été diagnostiqué pendant la période gants (diminution significative P= 0,028).
L’utilisation d’un protocole d’hygiène des mains comprenant le lavage des mains, la solution hydro alcoolique et le port de gants réduit significativement l’incidence du LOS chez les enfants nés prématurément et les résultats suggèrent que cela peut engendrer une amélioration durable du taux d’infection.

 

Durand S., Batista Novais A.R., Mesnage R., Combes C., Didelot M.N., Lotthé A., Filleron A., Baleine J., Cambonie G.

Validation of nosocomial infection in neonatology: A new method for standardized surveillance.

American Journal of infection control, 2014 June

 Les infections nosocomiales (Nis) sont la cause principale de mortalité et de morbidité chez les enfants prématurés. Nous présentons une nouvelle méthode pour détecter et confirmer les Nis dans les unités de soins intensifs néonatals. Nous avons inclus les nouveau-nés avec un poids de naissance < 4500 gr ou avec un âge gestationnel (GA) < 33 semaines de façon prospective pendant 2 ans dans une unité de soins intensifs néo natals d’un hôpital universitaire. Le système digitalisé de prescription médicamenteuse (CPOE) génère une alerte lorsque des antibiotiques sont prescrits pendant au moins 5 jours consécutifs et ces cas sont revus par un groupe d’experts suivant les recommandations internationales.
Nous avons inclus 461 nouveau-nés avec une moyenne GA de 30 semaines (26- 32 semaines) et un poids moyen de 1270 gr (950-1600). Le CPOE a indiqué 158 cas de Nis potentiels ; 85,1 % ont été classifiés comme vrais et 14,9 % ont été considérés comme faux positifs. L’incidence et la septicémie nosocomiale associée au cathéter sont respectivement de 21,9 % et 10,8 par 1000 jours de cathéter central. GA< ou = à 28 semaines (Odds ratio, 1,47 : intervalle de confiance de 95 %, 1,2-4) et plus de 7 jours de cathéter veineux central ( Odds ratio, 1,47 ; intervalle de confiance de 95 %,1,3-1,7) sont les variables indépendantes associées au risque de septicémie nosocomiale.
Nous concluons que le CPOE et la revue pluridisciplinaire peuvent augmenter l’exactitude du relevé de Nis dans une unité de soins intensifs.

 

Helder O.K., Brug J., van Goudoever J.B., Looman C.WS., Reiss I.K., Kornelisse R.F.

Sequential hand hygiene promotion contributes to a reduced nosocomial bloodstream infection rate among very low-birth weight infants: An interrupted time series over a 10-year period.

American Journal of Infection Control 2014 July 718-722.

Il est admis qu’une grande compliance à l’hygiène des mains (HH) est nécessaire pour réduire les septicémies nosocomiales (NBSIs).Cependant, avec le temps, l’oubli s’installe souvent. Nous avons étudié l’effet à long terme d’interventions séquentielles de promotion de HH. Nous avons réalisé une étude observationnelle avec analyse de séries temporelles interrompues chez des enfants de très petit poids de naissance (VLBW). Les interventions sont composées d’un programme d’éducation, de messages diffusés, sur les écrans de veille et d’une semaine de prévention de l’infection avec une introduction à l’utilisation efficiente des gants.

Nous avons étudié un total de 1964 enfants VLBW entre le 1 janvier 2002 et le 31 décembre 2011. La proportion d’enfant avec au moins 1 NBSI a diminué de 47,6 % à 21,2 % (P<0,01) ; le nombre de NBSIs par 1000 jours patient a diminué de 16,8 à 8,9 (P<0,01). Avanr l’intervention,le nombre de NBSIs par 1000 jours patient a fortement augmenté de 0,74 par quartile (intervalle de confiance à 95 % [CI] 0,27-1,22). La première intervention fut suivie par une évolution baissière significative des NBSIs de -1,27 par quartile (CI 95 % -2,04 à -0,49). Les interventions suivantes ont été suivies par une tendance neutre. La présence de staphylocoques coagulase négative et de Staphylococcus aureus comme pathogènes source ont significativement diminué dans le temps. Nous concluons que la promotion séquentielle de HH semble contribuer à un bas taux de NBSI.

 

 Padula M.A., Dewan M.L., Shah S.S., Padula A.M., Srinivasan L., McGowan A.L., Mahoney K.R., Harris M.C.

Risk Factors Associated with Lab-confirmed Bloodstream Infections in a Tertiary Neonatal Intensive Care Unit.

Les septicémies (BSI) restent la première cause de morbidité et mortalité chez les enfants admis dans les unités de soins intensifs néonatals (NICUs). Au moment de l’évaluation de suspicion de BSI, les signes présents peuvent être non spécifiques. Nous avons cherché à déterminer les signes cliniques et les facteurs de risque associés avec une septicémie confirmée par laboratoire parmi des enfants évalués pour une attaque de septicémie tardive dans une NICU d’un hôpital universitaire. Cette étude prospective de cohorte regroupe des enfants de plus de trois jours admis dans une NICU de niveau 4 de juillet 2006 à octobre 2009 pour lesquels une hémoculture pour septicémie suspectée a été demandée. Les cliniciens ont documenté les signes présents au moment de la culture. La BSI confirmée par laboratoire est définie selon les critères du National Healthcare Safety Network. Des analyses multivariées ont été réalisées en utilisant un modèle de régression logistique au hasard. Nous avons enregistré 680 épisodes éligibles de BSI suspectés chez 409 enfants. L’utilisation de contraste entéral pendant les 48 heures précédentes est le facteur de risque le plus important pour la BSI confirmée par laboratoire (Oddsd ratio : 9,58[intervalle de confiance à 95 % : 2,03 – 45,19]) suivi par la présence d’un cathéter veineux central. L’apnée et l’hypotension sont des signes présents fortement associés.
Nous concluons que chez les enfants évalués dans une NICU d’un hôpital universitaire, une exposition récente à un contraste entéral est associé à une augmentation du Odds ratio quant au développement d’une BSI. L’apnée et l’hypotension sont les plus fortement associées aux signes cliniques de l’infection.

 

Hooven T.A., Polin R.A.

Healthcare-associated infections in the hospitalized neonate: a review.

Early Hum Dev, 2014 March ; 90 Suppl 1 : S4-6 

Les infections associées aux soins dans les unités de soins intensifs néonatals augmentent considérablement la durée d’hospitalisation et les coûts et contribuent à l’apparition de nombreux inconvénients y compris le décès. La prévalence relativement haute des infections liées aux soins parmi les nouveau-nés est secondaire à l’immaturité du système immunitaire du nouveau-né, à la nécessité de procédures invasives fréquentes et à une hospitalisation généralement prolongée. Les septicémies liées au cathéter central (CLABSI) sont la forme la plus commune de l’infection liée aux soins avec Staphylococcus species coagulase négative (CONS) qui est le micro organisme le plus souvent retrouvé. L’interprétation des résultats de la culture dans le cadre de chaque suspicion d’infection associée aux soins peut-être rendue difficile par la possibilité qu’un organisme détecté représente un contaminant commensal plus qu’une actuelle cause d’infection. Ceci est particulièrement le cas d’une hémoculture CONS positive pendant l’évaluation d’une CLABSI suspectée. Cet article donne une revue de l’épidémiologie, du diagnostic, de la prévention et du traitement des infections liées aux soins dans les unités de soins intensifs néonatals. 

 

Klinger G., Carmeli I., Feigin E., Steinberg R., Levy I.

Compliance with Surgical Antibiotic Prophylaxis Guidelines in Pediatric Surgery.

Eur J Pediatr Surg 2014, March 28

La prophylaxie antibiotique en chirurgie (AP) vise à équilibrer la nécessité de prévenir l’infection et les risques d’effets secondaires des médicaments. Notre objectif est d’évaluer la compliance aux recommandations en matière de AP.

Nous avons réalisé une étude rétrospective dans un centre médical pédiatrique. Nous avons inclus despatients âgés de 0 à 18 ans qui ont subi une chirurgie propre-contaminée pendant 1 an (2008-2009) et qui ont bénéficié de AP. Nous avons évalué la compliance à 4 recommandations groupées. Les facteurs de risque de non compliance ont été identifiés par des analyses univariée et multivariée. Les résultats montrent que AP a été administrée à 239 patients sur 247 (96,8 %). La compliance parfaite avec les recommandations pour AP est atteinte dans 16 patients sur 247 (6,5 %). La compliance avec les recommandations pour un antibiotique approprié, la dose du médicament, un moment correct et la durée du traitement ont été rencontrés dans respectivement 97,1 52,2 31,9 et 35,9 % des patients. Une analyse multivariée a montré le moment inapproprié est associé à un âge supérieur ou égal à 4 ans (P=0,0002), une chirurgie urgente (P= 0,0018), l’administration de AP par le département chirurgical (P=0,0001) et la chirurgie de nuit (P=0,015). Une dose incorrecte de AP est associée à la présence de comorbidités (P=0,006). Aucun facteur de risque n’est lié à une durée incorrecte de AP.
Nous avons trouvé un bas taux de compliance totale avec les recommandations pour AP. AP ne devrait être administrée qu’au bloc opératoire. Une prise de conscience plus grande à propos des recommandations de AP est nécessaire.

 

Tsai M.H., Chu S.M., Hsu J.F., Lien R., Huang H.R., Chiang M.C., Fu R.H., Lee C.W., Huang Y.C.

Risk factors and outcomes for multidrug-resistant Gram-negative bacteremia in the NICU.

Pediatrics 2014, February 133(2):e322-9 

L’objectif est d’évaluer les facteurs de risque d’une thérapie antibiotique et les conséquences des bactériémies à bacille Gram négatif (GNB) multi résistants (MDR) chez les patients admis en NICU. Nous avons comparé des épisodes de bactériémie à GNB MDR avec un groupe de patients présentant une bactériémie non GNB MDR dans une étude cohortée de 8 ans.

Sur 1106 bactériémies, 393 (35,5 %) sont causées par GNB. 70 (18,6 %)sont causées par une souche MDR. Le mécanisme le plus fréquent de résistance est la production de ß-lactamase (67,1 %), surtout par Klebsiella pneumoniae (59,6 %). Les facteurs de risque indépendants à l’acquisition de GNB MDR sont l’exposition antérieure à la céphalosporine, un antibiotique de troisième génération (Odds ratio [OD] : 5,97 ; intervalle de confiance à 95 % [CI] 2,37 – 15,8 ; P<0,001) et la carbapenem (OR:3,60 ; 95 % CI : 1,26 – 10,29 ; P=0,17) et une affection rénale sous-jacente (OR : 7,08 ; 95 % CI : 1,74 – 28,83 ; P=0,006).Les patients présentant une bactériémie GNB MDR recevaient très probablement une thérapie antibiotique initiale inadéquate (72,9 % vs 7,8 % ; P<0,001), avaient un taux de complication infectieuse (21,4 % vs 10,5 % ; P=0,011) et un taux de décès global (28,6 % vs 10,5 %;P<0,001). Les facteurs de risque indépendants pour la mortalité globale sontla présence de complications infectieuses après la bactériémie (OR: 3,16 ; 95 % CI : 1,41 – 7,08 : P=0,005) et une hypertension pulmonaire secondaire avec ou sans cor pulmonale (OR:6,19 ; 95 % CI : 1,88 – 20,31 ; P=0,003).

Nous concluons que la GNB MDR se chiffre à 18,6 % de toutes les bactériémies GNB dans l’unité NICU, spécialement chez les patients ayant reçu une antibiothérapie à large spectre antérieure et présentant une affections rénale sous-jacente. Le mécanisme le plus fréquent de résistance est la production de ß-lactamase à large spectre (ESBL). Les nouveau-nés présentant une GNB MDR ont plus tendance à développer des complications infectieuses qui sont associées de façon indépendante à un plus haut taux global de mortalité.

 

Scheithauer S., Trepels-Kottek S., Hafner H., Keller D., Ittel T., Wagner N., Heimann K., Schoberer M., Schwarz R., Haase G., Waitschies B., Orlikowsky T., Lemmen S.

Healthcare worker-related MRSA cluster in a German neonatology level III ICU: a true European story.

Int J Hyg Environ Health 2014, March ; 217(2-3) : 307-11 

Nous avons investigué un groupe de 8 nouveau-nés nouvellement colonisés par Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (MRSA) dans une ICU et présentons les résultats tant pour les caractéristiques moléculaires des souches que du processus d’identification de la source pour lequel nous analysons l’impact de la colonisation des HCWs par MRSA. Les caractéristiques moléculaires des souches ont révélé une seule famille qui a été identifiée comme type-spa 127 un type de souche extrêmement rare en Allemagne. Les prélèvements environnementaux et le dépistage des parents des nouveau-nés colonisés sont négatifs. Cependant, le dépistage du personnel de soins montre qu’un travailleur (HCW:1/134) a fait partie d’un groupe de HCWs roumains engagés, ce travailleur étant colonisé par la souche spa 127. Un dépistage ultérieur a ainsi détecté le MRSA chez 9/51 HCWs roumains (18 %) et 7/9 (14 % du total) isolats présentent la même image moléculaire que le cas index (type spa/PFGE). Tous les porteurs ont été décolonisés avec succès après quoi, aucun nouveau cas de patient n’est apparu. Comme résultat, nous avons maintenant mis en place un programme de détection général pour tous les nouveaux employés comme partie de notre politique de gestion de contrôle de l’infection. Les HCWs colonisés par MRSA peuvent agir comme source de la transmission intra hospitalière. Depuis que les HCWs provenant de régions hautement endémiques sont susceptibles d’être colonisés, ils peuvent poser un risque pour les patients.

 

NICE clinical guideline: antibiotics for the prevention and treatment of early-onset neonatal infection

Osvald E.C., Prentice P.

Arch Dis Child Educ Pract Ed, 2014 ; 99 ; 98-100

Informations sur les recommandations actuelles :

L’attaque infectieuse néonatale précoce, définie comme infection intervenant dans les 72 heures de la naissance, est une cause significative de décès et de morbidité dont le Streptococcus du groupe B (GBS) est le responsable le plus fréquent. Les recommandations de l’Institut National de la Santé et de l’Excellence (NICE) : « Antibiotiques lors d’une attaque infectieuse précoce en néonatologie : antibiotiques pour le traitement et la prévention d’une attaque infectieuse en néonatologie a été publié en août 2012. Son objectif est d’aider à identifier les prématurés qui courent un risque infectieux, à promouvoir un traitement rapide pour les prématurés suspects d’infection et à minimiser l’exposition aux antibiotiques pour les enfants qui ne présentent pas d’attaque infectieuse précoce néo natale. Les recommandations ont été rédigées par le Centre National Collaboratif pour la santé des femmes et enfants.
Recommandations précédentes ; il n’y a pas de recommandations nationales détaillées sur le gestion des septicémies précoces du nouveau-né. Le Collège Royal des Obstétriciens et Gynécologues a publié des recommandations en 2003 (mises à jour en 2012) se concentrant sur la prévention des GBS, qui incluent certains aspects de la gestion de la septicémie précoce du nouveau-né.