Validation du processus de retraitement des sondes endocavitaires au CHU Helora par ATP-métrie, un contrôle en temps réel !
Le matériel endocavitaire nécessite une désinfection de haut niveau entre deux utilisations. Dans notre institution, le retraitement est réalisé grâce à des lingettes imprégnées de dioxyde de chlore. Cette méthode est aisée, mais sa qualité et sa reproductibilité sont difficiles à garantir, puisque le retraitement est manuel. La traçabilité du retraitement de ces dispositifs reste problématique car non informatisée. Pour vérifier l’efficacité du processus de désinfection, nous avons opté pour un outil de mesure de l’adénosine triphosphate (ATP) ou ATP-métrie.
L’ATP-métrie est une méthode rapide de mesure de la contamination biologique des surfaces qui est utilisée depuis longtemps dans le secteur agroalimentaire et notamment par les industries laitières. Elle permet de contrôler en temps réel l’efficacité de la phase de nettoyage et/ou de désinfection. Comparée à d’autres techniques de validation, cette méthode est aisée et ne nécessite pas une longue formation.
L’ATP est un nucléotide formé à partir d’un nucléoside associé à un triphosphate. C’est la molécule énergétique de base présente dans toutes les cellules vivantes. La présence d’ATP sur une surface ou dans l’eau revient à détecter la présence de cellules vivantes.
L’ATP-métrie utilise un complexe enzymatique dégageant de la lumière pour doser la quantité d’ATP sur une surface ou dans l’eau. C’est cette quantité de lumière qui permet de doser, avec un ATP la quantité d’ATP et d’en tirer une conclusion en se rapportant à une grille d’interprétation.
Méthode
Pour mesurer les résidus d’ATP sur les dispositifs médicaux endocavitaires, nous utilisons un « Lumitester Smart & LuciPac A3/Pen », de chez Kikkoman. Un écouvillon imbibé d’eau stérile est utilisé pour échantillonner la surface du dispositif selon une méthodologie formalisée et reprise dans le
tableau 1.
Tableau 1 Protocole et normes locales en RLU (relative light Units)
Une vidéo a également été réalisée pour standardiser la pratique des différents infirmier.e.s en prévention et contrôle des infections (PCI).
Les recommandations du fabricant préconisent d’utiliser de l’eau du robinet, ce qui ne nous semblait pas raisonnable vu la vétusté du réseau. Nous avons donc utilisé de l’eau stérile pour imbiber l’écouvillon. L’utilisation de sérum physiologique est à éviter, car cela fausse les résultats.
Nous avons d’abord identifié les dispositifs médicaux endocavitaires à tester. Les dispositifs concernés sont les nasofibroscopes, les sondes endovaginales et endorectales, les tonomètres en ophtalmologie, les sondes d’échographie transoesophagienne (ETO). Ils sont localisés principalement dans les bureaux de consultation et en salle technique (radiologie, gynécologie, ORL…).
L’audit est réalisé annuellement par un binôme médecin et infirmier.e PCI, soit tôt le matin, avant l’ouverture des cabinets de consultation, soit en collaboration étroite avec les médecins, comme en cardiologie ou en gynécologie.
Résultats
Les résultats obtenus sont comparés à des valeurs établies lors de la mesure répétée de matériel désinfecté par nos soins et établis de la même façon dans un autre centre qui travaille avec le même appareil et qui avait aussi défini la méthodologie de prélèvement que nous avons adoptée.
Les visites sur le terrain en vue de cet audit et les résultats mettent en évidence plusieurs opportunités d’amélioration.
Ainsi, nous avons pu constater que le désinfectant adéquat n’est pas toujours utilisé notamment pour la désinfection des sondes endovaginales. La présence simultanée de 2 types de sondes sur une même machine, par exemple, transpariétale et endocavitaire, est un facteur de risque potentiel de ne pas utiliser le bon désinfectant. Nous devrions retrouver dans le local des lingettes imprégnées d’un ammonium quaternaire pour les sondes transpariétales nécessitant une désinfection de bas niveau et un désinfectant à base de dioxyde de chlore pour la désinfection de haut niveau du matériel endocavitaire, et en général ce sont les lingettes pour la désinfection de bas niveau qui sont à disposition de l’opérateur. Pour faciliter l’application des recommandations, l’équipe PCI a proposé de garder un seul désinfectant de haut niveau de désinfection dans les cabinets de consultation ou salles techniques, où les 2 types de sonde sont présents simultanément.
L’ATP-métrie nous a permis de mettre en évidence du matériel abimé. En effet, suite à de très mauvais résultats à répétition sur une sonde d’échographie transoeophagienne et malgré une technique de désinfection correcte réalisée sous nos yeux, nous avons mis en évidence une gaine très abimée présentant de nombreuses irrégularités et ne permettant plus une qualité microbiologique adéquate malgré une désinfection de haut niveau correctement appliquée.
Nous avons aussi pu constater que du matériel mal stocké entre deux utilisations se contaminait plus rapidement, ce qui nous a obligé à revoir nos procédures de stockage.
La réalisation de cet audit a également eu d’autres effets positifs, comme l’implication des équipes PCI dans la formation, la validation des procédures, et le développement d’une dynamique d’amélioration continue dans des secteurs spécifiques où par manque de temps nous ne sommes pas assez présents.
En conclusion
Cette technique d’audit avec résultat en temps réel valide un processus manuel. Il faut l’utiliser dans une perspective d’amélioration continue mais aussi à visée éducative et de sensibilisation à l’importance de la méthode de désinfection potentiellement peu reproductible car actuellement personne dépendante.
Nouveautés
Agenda scientifique
- avril 2025
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du 11/04 au 15/04 || à Vienne
Congrès de l’ European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases (ESCMID)
- juin 2025
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du 4/06 au 6/06 || à Marseille
35ème Congrès National de la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H)
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du 17/06 au 18/06 || à Londres
Congrès HIS (Healthcare Infection Society)
- septembre 2025
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du 16/09 au 19/09 || à Genève
International Conference on Prevention and Infection control (ICPIC)
- octobre 2025
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du 19/10 au 22/10 || à Atlanta
Society for Health Care Epidemiology of America (SHEA)