◄ Retour au sommaire

VIP² … parce que chaque patient est un VIP !

Vera De Troyer - réseau de soins Icuro, collaboratrice Q & S Hôpitaux généraux Boudewijn Catry - chef de service ‘Infections liées aux soins et antibiorésistance’ de l’Institut scientifique pour la santé publique. Dirk Ramaekers - président de VIP², médecin en chef du Jessa Ziekenhuis Hasselt, KU Leuven Dominique Vandijck - directeur Q & S du réseau de soins Icuro, UHasselt, UGen

vip2

Introduction

Quatre mai 2016, 8h15… Le téléphone sonne… L’accueil fait savoir que deux auditeurs du « Vlaams Indicatoren Project voor Patiënten en Professionals  » (VIP²) sont là. Voilà qui bouleverse quelque peu l’agenda, c’est aujourd’hui qu’a lieu l’audit externe pour l’indicateur « exigences de base en matière d’hygiène des mains » ! Pourra-t-on s’enorgueillir du résultat et présenter des chiffres qui indiquent  qu’une bonne hygiène des mains est pratique courante ici à l’hôpital ? Peut-être s’est-on déjà fait la remarque que les choses se passent mieux dans un service que dans un autre ? Quels seront les résultats de l’hôpital par rapport au précédent audit ? Et quels sont les points d’attention auxquels il faudra davantage travailler ? Que signifie encore ce « VIP² » ? D’où vient cette initiative, qui collabore avec elle et comment sont traitées ces données ? Et quels sont les projets d’avenir ? Voici pour vous les réponses à toutes ces questions.

VIP²… qu’est-ce donc?

Le VIP², le « Vlaams Indicatorenproject voor Patiënten en Professionals », a démarré en 2010. Les autorités flamandes, l’association flamande des médecins-chefs et le groupe hospitalier  Réseau de Soins Icuro ont décidé d’unir leurs forces pour définir, développer et mettre en œuvre des indicateurs visant à mesurer et objectiver la qualité des soins. L’objectif était triple : tout d’abord, le travail avec des indicateurs avait pour but d’objectiver la qualité des soins. Ensuite, les hôpitaux et professionnels peuvent utiliser ces résultats pour entamer une réflexion critique et mettre en place des actions correctives ciblées. Enfin, ces données peuvent être très intéressantes dans le cadre d’une enquête scientifique.
Différents groupes de développement sont présents au sein de l’initiative. Si la plupart des groupes travaillent au développement des indicateurs ciblant spécifiquement une discipline (par exemple le cancer du sein, la relation mère-enfant, la cardiologie), le groupe de développement « Indicateurs à l’échelle de l’hôpital » est l’exception qui confirme la règle. En effet, ces indicateurs visent l’hôpital dans son ensemble. En ce qui concerne l’hygiène hospitalière, deux indicateurs font provisoirement l’objet de mesures. On vérifie d’une part dans quelle mesure les exigences de base en matière d’hygiène des mains sont respectées et d’autre part on répertorie l’incidence d’une septicémie à  MRSA. La septicémie à MRSA est une infection sanguine causée par la bactérie hospitalière la plus connue : le staphylocoque doré résistant à la méthicilline.  Mais penchons-nous plutôt dans cet article sur le premier indicateur : les exigences de base en matière d’hygiène des mains.

Une bonne hygiène des mains… une évidence !

Les raisons de respecter cet indicateur coulent un peu de source. En Belgique,, il apparaît selon une étude[1qu’environ 7% des patients contractent une infection liée aux soins durant leur séjour dans un hôpital aigu,soit plus de 100.000 patients par an. Personne n’ignore que l’hygiène des mains est essentielle pour éviter la transmission de germes pathogènes d’un patient à l’autre par le biais des mains d’un professionnel de la santé.  Il s’agit également d’une des méthodes les plus efficaces pour prévenir les infections liées aux soins[2,3]. Malgré les évidences scientifiques irréfutables[4,5,6,7,8] sur le sujet, il semble quelque peu compliqué de mettre en œuvre efficacement ces principes dans la pratique quotidienne. En ce qui concerne plus spécifiquement le respect ou l’observance de l’hygiène des mains, on peut déduire des statistiques[9] des campagnes nationales « Hygiène des mains » que cette hygiène des mains augmente toujours au lendemain d’une période de sensibilisation, avant de connaître un recul par après. On peut dès lors en conclure qu’une motivation et une sensibilisation répétées des professionnels de la santé sont essentielles, parce qu’un changement permanent de comportement semble difficilement réalisable.
On a choisi de repartir à zéro. L’indicateur « exigences de base de l’hygiène des mains » vise à vérifier dans quelle mesure les mains des prestataires de soins satisfont aux 7 exigences de base pour une bonne hygiène des mains. Ces exigences sont (1) l’absence de bracelets, (2) l’absence de bagues, (3) l’absence de montre, (4) des ongles propres et soignés, (5) des ongles coupés courts, (6) l’absence de vernis, et (7) l’absence de faux ongles. A partir de la mesure suivante, l’exigence « absence de manches longues » y sera ajoutée.
Pour mettre en place cet indicateur, nous nous sommes basés sur des bonnes initiatives déjà existantes. Les campagnes nationales peuvent y être ajoutées. Dr. Boudewijn Catry, Dr. Naima Hammani et Sylvanus Fonguh de l’Institut scientifique pour la Santé publique (WIV-ISP) forment la liaison avec la plate-forme fédérale compétente et experte en la matière.
La nouveauté par rapport aux campagnes nationales, c’est qu’à côté des mesures internes, des audits externes sont également organisés. Chaque hôpital est ainsi visité par deux collègues externes une fois par an, à l’improviste, pendant une (demi-)journée. Que ces mesures soient réalisées en interne ou en externe, les mains de 150 professionnels sont examinées. Ces audits externes apportent une plus-value importante sur plusieurs points. Ainsi, nous remarquons que les résultats sont parfois inférieurs d’en moyenne 10% lors d’audits externes que lors de mesures effectuées en interne. Le fait que nous ne nous  basions pas uniquement sur nos propres enregistrements augmente la fiabilité des résultats. Enfin, les audits externes permettent d’échanger des idées sur la manière d’améliorer encore un peu plus la qualité.

VIP²… une participation active ? Oui, bien sûr !

Le grand enthousiasme à participer activement à l’indicateur est très encourageant. Ainsi, on a enregistré une participation au domaine « indicateurs à l’échelle de l’hôpital » dans 58 des 63 hôpitaux généraux et catégoriels.
Mais cela va bien au-delà de ça encore. En juin 2015, le site internet central www.zorgkwaliteit.be a été lancé. Ce site internet offre aux patients et aux professionnels de soins la possibilité de consulter les résultats de chaque hôpital, mais aussi de les comparer les uns aux autres. Les hôpitaux déterminent eux-mêmes s’ils sont prêts à donner accès en toute transparence à leurs données. Nous avons toutefois observé que 53 hôpitaux y ont directement souscrit. Pour chaque indicateur, nous stipulons en marge du résultat ce qui a été précisément mesuré et quelle est la plus-value dudit indicateur. Nous avons en outre veillé à ce que les hôpitaux puissent donner leur propre interprétation du résultat obtenu. Ainsi, un résultat peut être expliqué, mais un hôpital peut également indiquer à quelles actions correctives (et à quel résultat) cela a abouti.

Il y a aussi du pain sur la planche au niveau politique 

Si l’enthousiasme ne manque pas chez de nombreuses parties, il reste tout de même plusieurs éléments qui requièrent notre attention,  afin de pouvoir (continuer à) garantir le soutien et les ambitions à l’avenir. Dans sa note politique[10], le ministre Jo Vandeurzen annonce la fondation d’un Institut flamand pour la qualité des soins. Les mesures préparatoires nécessaires à cet effet sont prises actuellement. Au-delà de la mise en place d’une bonne structure de gouvernance d’un tel institut,  nous avons pensé que  le moment était idéal pour rédiger avec nos membres une note qui énumère les opportunités d’amélioration afin d’en faire une base de réflexion créative pour trouver d’éventuelles solutions. Et il nous tient à cœur d’y contribuer. L’un des points sensibles qui revient régulièrement est le rapport plutôt tardif des résultats qui empêche les hôpitaux d’entreprendre des actions suffisantes avant une nouvelle mesure. Dans ce cadre, nous désirons, en tant que groupe hospitalier, nous engager à financer 1 analyste de données à temps plein. Les expériences de nos hôpitaux confirment la plus-value attribuée aux indicateurs également sur le plan international. Raisons de plus pour les soutenir nous aussi.
Autre terrain d’évolution potentielle : le choix des indicateurs. Ces indicateurs doivent être considérés comme des bases. L’hygiène des mains commence avec des mains qui satisfont aux exigences de base précitées. Dans une phase ultérieure, il est important d’y ajouter d’autres indicateurs avec l’aide d’experts… avec un grand objectif en ligne de mire, à savoir le recul du nombre d’infections évitables liées aux soins, permettant ainsi de rendre nos soins plus sûrs.
Pouvons-nous aussi compter sur vous dans ce sens ?

Références

1.http://www.ubentingoedehanden.be/fr/infections-associees-aux-soins, téléchargé le 4 février 2016
2.Vrijens, F., et al. (2008). Les infections nosocomiales en Belgique : Volet I, Etude Nationale de Prévalence, KCE Reports 92A.
3.Vrijens, F., et al. (2009). Coûts et mortalité engendrés par les infections nosocomiales, KCE rapport n° 102A.
4.Johnson PD, Martin R, Burrell LJ, Grabsch EA, Kirsa SW, O’Keeffe J, et al. Efficacy of an alcohol/chlorhexidine hand hygiene program in a hospital with high rates of nosocomial methicillin-resistant Staphylococcus aureus (MRSA) infection. Med J Aust. 2005;183(10):509-14.
5.Pittet D, Allegranzi B, Sax H, Dharan S, Pessoa-Silva CL, Donaldson L, et al. Evidence-based model for hand transmission during patient care and the role of improved practices. Lancet Infect Dis. 2006;6(10):641-52.
6.Pessoa-Silva CL, Hugonnet S, Pfister R, Touveneau S, Dharan S, Posfay-Barbe K, et al. Reduction of health care-associated infection risk in neonates by successful hand hygiene promotion. Pediatrics. 2007 (1202)
7.Recommandations de l’OMS pour l’hygiène des mains au cours des soins, OMS, 2009.
8.Erasmus V, Daha TJ, Brug H, Richardus JH, Behrendt MD, Vos MC, et al. Systematic review of studies on compliance with hand hygiene guidelines in hospital care. Infect Control Hosp Epidemiol. 2010;31(3):283-94.
9.Catry, B. et al. (2015). Résultats de la 6e campagne nationale pour la promotion de l’hygiène des mains dans les hôpitaux. A consulter sur : http://www.nsih.be/surv_hh/download/R%C3%A9sultats%20nationaux%202015.pdf.
10.https://www.vlaanderen.be/nl/publicaties/detail/beleidsnota-2014-2019-welzijn-volksgezondheid-en-gezin.

◄ Retour au sommaire

Nouveautés

Agenda scientifique

  • mars 2024
  • 28/03
    Symposium BICS
  • avril 2024
  • du 8/04 au 11/04 || à Edinburgh
    The Microbiology Society Annual Conference
  • du 23/04 au 24/04 || à Birmingham
    Prévention et Contrôle des infections (IPC)
  • du 27/04 au 30/04 || à Barcelone
    34th European Congress of Clinical Microbiology and infectious diseases
  • mai 2024
  • du 16/05 au 17/05 || à Louvain-La-Neuve
    18ème Rencontre Internationale Francophone des Infirmiers et Infirmières (RIF)
Charger les évènements suivants

Proposer un article ?

Offres d'emploi

Nos partenaires

Flux RSS

Subscribe

Comité de rédaction

Les anciens numéros

Toutes les archives

Découvrez nos dossiers spéciaux

Expériences à partager