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Surveillance des bactéries résistantes aux antibiotiques dans les hôpitaux belges. Rapport annuel 2015

Introduction   

En 2015, la surveillance des bactéries résistantes aux antibiotiques en milieu hospitalier en Belgique a vingt ans et figure parmi les surveillances les plus anciennes en place en Europe.
Au fur et à mesure de l’évolution de l’antibiorésistance dans les établissements de soins, plusieurs volets de surveillance ont été ajoutés.
La première surveillance initiée en 1994 portait sur le MRSA. LA’ BMR qui nous a tant appris, l’exemple d’école, l’ennemie redoutable et finalement celle qu’on espère aujourd’hui avoir vaincu. Depuis lors, l’histoire nous a appris qu’il y avait au moins 3 types de MRSA différents, avec pour chacun d’entre eux des groupes à risque différents :
• le MRSA hospitalier (healthcare associated MRSA),
• le MRSA communautaire (Community associated MRSA)
• le MRSA des animaux (Livestock-associated MRSA).

Quelques années après la mise en place de la surveillance des MRSA, la cascade de mécanismes de résistance parmi les bactéries à Gram-négatif s’installait (les années 90 du siècle passé) Enterobacter aerogenes, multirésistant fût le premier (surveillance en 2000) suivi d’autres entérobactéries (E. coli, K. pneumoniae et E. cloacae) résistantes aux céphalosporines de 3ème et 4ème génération ou encore, résistantes aux carbapénèmes. Certaines de ces bactéries mul-tirésistantes étaient productrices d’enzymes de type bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE-surveillance mise en place en 2005) ou de carbapénémases (CPE-surveillance mise en place en 2012).
Parallèlement, une surveillance des souches multirésistantes aux antibiotiques a été mise sur pied en 2009 pour Acinetobacter baumannii et pour Pseudomonas aeruginosa.
Enfin, une surveillance des entérocoques résistants (principalement aux glycopeptides (vancomycine, teicoplanine) et aux oxazolidinones (linézolide)) fût mise en place en 2014 suite à la survenue de plusieurs épidémies à VRE dans les hôpitaux Belges.
La participation à certains de ces volets est devenue obligatoire : pour MRSA depuis 2006 (AR du 10 novembre 2006) et pour les bactéries à Gram négatif depuis 2015 (AR du 27 janvier 2015). A ce jour, la participation au volet des VRE est optionnelle.

Méthodes

Les données de surveillance émanent du laboratoire de microbiologie des hôpitaux participants. Tous les volets de surveillance concernent des patients hospitalisés uniquement.
Seules des données récoltées sans doublons (type D) sont prises en compte pour l’analyse. Un doublon est une souche isolée chez un patient pour lequel une souche de la même espèce et de même antibiotype (ou avec un même mécanisme de résistance, p.ex. une BLSE ou une carbapénémase) a déjà été prise en compte dans l’enquête, quel que soit le prélèvement à visée diagnostique dont elle a été isolée.
Tous les volets de surveillance ont comme objectif de suivre l’épidémiologie de ces germes résistants. Un indicateur relatif à la notion d’acquisition nosocomiale est récolté uniquement pour le volet MRSA.
Les définitions de «résistance» sont pour :
o Le MRSA: Staphylococcus aureus, résistant à la méticilline/oxacilline
o Les entérobactéries (E. cloacae, E. coli et K. pneumoniae):

BLSE+ : mise en évidence de la production d’une bêta-lactamase à spectre étendu

CPE+ : mise en évidence de la production d’une carbapénémase

Résistance aux céphalosporines de 3ème et/ou 4ème génération : sensibilité réduite (intermédiaire ou résistante, I/R) aux céphalosporines :
– de 3ème génération (cefotaxime, ceftriaxone, ceftazidime)
– et/ou de 4ème génération (cefépime),

selon les critères EUCAST ou de CLSI.

Résistance au méropénème: sensibilité réduite (I/R) au méropénème, selon les critères EUCAST ou CLSI.

o Les non fermentants :
 Acinetobacter baumannii multi-résistant: A. baumannii résistant (R), ou sensibilité intermédiaire (I) au méropénème (comme molécule représentative de la classe des carbapénèmes). Depuis 2012, ce critère simplifié est utilisé car la résistance au méropénème chez A. baumannii est systématiquement associée à une multi-résistance aux autres classes d’antibiotiques.

Pseudomonas aeruginosa multi-résistant: sensibilité réduite (I/R) vis-à-vis d’au moins 1 antibiotique dans 4 des 5 classes suivantes :
pénicillines à large spectre: ticarcilline +/- clavulanate, pipéracilline +/- tazobactam
céphalosporines de 3ième et de 4ième génération: ceftazidime, cefépime
carbapénèmes: méropénème, imipénème
fluoroquinolones: ciprofloxacine, levofloxacine
aminoglycosides: gentamicine, tobramycine, amikacine.

o Les entérocoques: Enterococcus faecalis et Enterococcus faecium

Entérocoque résistant aux glycopeptides (GLYCO-R) :
£E. faecium ou E. faecalis résistant à la vancomycine seule ou à la vancomycine et à la teicoplanine

Critères EUCAST:
Vanco-R: point de rupture CMI: > 4 mg/L,
diamètre de zone d’inhibition: < 12 mm
Teico-R: point de rupture CMI: > 2 mg/L,
zone d’inhibition: < 16 mm

Critères CLSI: 
Vanco-R: point de rupture CMI: ≥ 32 µg/ml,
zone d’inhibition: ≤ 14 mm Teico-R: point de rupture CMI: ≥ 32 µg/ml,
zone d’inhibition: ≤ 10 mm

Entérocoque résistant au linézolide (LINEZOLID-R):
E. faecium ou E. faecalis résistant au linézolide

Critères EUCAST:
Linézolide-R: point de rupture CMI: > 4 mg/L,
diamètre zone d’inhibition: < 19 mm

Critères CLSI:
Linézolide-R: point de rupture CMI: ≥ 8 µg/ml,
diamètre zone d’inhibition: ≤ 20 mm

La définition pour ‘acquisition nosocomiale’ de MRSA est :
• Une infection ou un portage de MRSA, acquis à l’hôpital, pas présent à l’admission et pas connu dans les antécédents durant les 12 mois précédents.
• La première culture positive pour MRSA est réalisée plus de 48 h après l’admission.

Analyse des données

Les résultats se rapportent à l’année 2015. Les données récoltées se rapportent le plus souvent à une année complète (NB: une participation à 1 seul semestre est autorisée, sauf pour le volet de surveillance des VRE ou des données annuelles sont demandées).
Ce rapport est essentiellement descriptif de l’épidémiologie des bactéries résistantes surveillées.
Une proportion de résistance (proportion moyenne, médiane, min/max et moyenne des proportions) est calculée pour chaque espèce bactérienne résistante surveillée, c.à.d. le pourcentage de souches résistantes sur l’ensemble des souches isolées (S/I/R) au cours de la période de surveillance dans un hôpital.
Les incidences (par 1000 admissions) et les densités d’incidence (par 1000 journées d’hospitalisation) sont également calculées par hôpital. Afin de comparer les taux calculés des hôpitaux appartenant aux différentes régions, ou par taille de l’hôpital, un test de Kruskal-Wallis est utilisé.
Pour étudier les tendances des taux et incidences dans le temps, les données historiques sont utilisées. Un test de tendance linéaire (régression linéaire) est calculé afin de mesurer l’augmentation ou la diminution annuelle de la proportion ou de l’incidence en incluant le code de l’hôpital comme cluster dans le modèle. Le seuil de la signification statistique était fixé à 5%.

Pour en savoir plus : http://www.nsih.be/download/MRSA/MRSA_ESBL_CPE_Y2015/RAPPORT_AMR_Y2015_FR.pdf

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