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Degré d’efficacité des combinaisons de protection contre les agents biologiques

Frank Van Laer - Infirmier-hygiéniste hospitalier UZ Anvers

Introduction

Les soins aux patients (présumés) atteints de fièvre hémorragique virale (FHV) requièrent l’utilisation d’équipements de protection individuelle (EPI) spécifiques. Outre les gants, la coiffe, les chaussons, le masque et les lunettes de sécurité, la combinaison de protection fait généralement aussi partie de l’équipement de base des professionnels de la santé qui entrent en contact avec ce type de patients. Toutefois, les hygiénistes hospitaliers ne se sentent pas toujours en confiance avec certains équipements de protection. Ainsi, les blouses d’isolement classiques de type SMS (spunlace à l’ intérieur et à l’ extérieur et une couche de meltblown au milieu) , par exemple, utilisées pour les soins aux patients atteints de microorganismes multirésistants, n’offrent pas une protection suffisante et adéquate contre les FHV. Dans cet aperçu, nous essayons d’y voir plus clair dans l’éventail de combinaisons de protection possibles et disponibles actuellement sur le marché.

Normes

a) Vêtements de protection contre les risques chimiques
En vertu de la norme européenne EN 14126, les vêtements de protection contre les risques biologiques sont subdivisés au niveau de l’étanchéité aux fluides de la même façon que les vêtements de protection contre les risques chimiques. Ces tenues de protection chimique doivent donc être certifiées de catégorie III (« vêtements de protection chimique », reconnaissables grâce au pictogramme : cf fig.1).

Figure 1
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Ces vêtements de catégorie III visent à protéger celui qui les porte contre un risque mortel ou de lésion permanente. En fonction du degré de protection, on distingue au sein de cette catégorie III six niveaux de protection (voir tableau 1). 

Tableau 1
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Le type 1 est encore subdivisé en différentes sous-catégories. Le type 1a dispose d’un appareil respiratoire isolant intégré. Avec le type 1b, l’appareil respiratoire isolant est porté par-dessus la combinaison de protection. Dans la tenue de type 1c, l’apport d’air est assuré par des tuyaux. Les types 1a-ET et 1b-ET sont destinés aux équipes d’urgence (ET = emergency teams).

b) Vêtements de protection contre les risques biologiques
L’ajout du suffixe B permet de reconnaitre les vêtements de protection contre les risques biologiques, par exemple type 3-B. Le pictogramme « protection contre les risques biologiques » est également utilisé. (Figure 2).

Figure 2
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La norme EN 14126 reprend toute une série de méthodes d’essai permettant de déterminer la classe de protection. Plus la classe de protection est élevée, plus le niveau de protection est haut. Cela peut porter à confusion avec la classification telle qu’indiquée dans le tableau 1, où la classe de protection diminue à mesure que la numérotation suit son cours. Il convient donc, au moment de sélectionner la tenue de protection, de garder à l’esprit que le degré de protection n’est pas très élevé en classe de protection 1 en vertu de la norme EN 14126. Plus la classe de protection est élevée, mieux la tenue de protection protègera son porteur dans une situation spécifique.

1°) Test en vertu de l’ISO 22611: degré de protection contre la pénétration par des aérosols biologiquement contaminés.
table-a

2°) Test en vertu de l’ISO 22610: Degré de résistance d’un matériau à la pénétration de bactéries dans un liquide lorsque ce matériau est soumis à un frottement mécanique.

table-b

3°) Test en vertu de l’ISO 16603: Degré de protection contre la pénétration de sang synthétique sous pression pendant 5 minutes.
table-c

 

4°) Test en vertu de l’ISO 16604: Degré de protection contre la pénétration de virus véhiculés par le sang pendant 5 minutes.
table-d

 

Outre ces 4 tests, il est possible qu’un test viral supplémentaire soit également réalisé avec un liquide contaminé avec un bactériophage (Phi-X-174). Ce test est comparable au test effectué en vertu de l’ISO 16603, où il est fait usage de sang synthétique.

Confort au porter

Le fait de travailler dans des vêtements de protection imperméables peut influencer sérieusement la température corporelle, et ce, que ce soit dans des zones (sub)tropicales ou dans des chambres de patient bien chauffées d’hôpitaux occidentaux. En effet, ce type de vêtement limite l’évacuation de la chaleur et de la sueur, entrainant une augmentation de la température corporelle. Ce problème se pose surtout avec les vêtements de protection de type 1 à 3 (voir tableau 1). En revanche, les vêtements de type 4 à 6 sont fabriqués en matériau microporeux, permettant à la sueur et la chaleur de s’échapper dans une certaine mesure.

Les professionnels de la santé qui portent des vêtements de protection doivent dès lors pouvoir interrompre à temps leurs activités. L’OSHA (Occupational Safety and Health Administration) conseille ainsi de limiter le temps de travail à 20 minutes, par exemple, dans un environnement chaud ou en présence d’activités physiques lourdes. Dans cette optique, il est également primordial de s’hydrater suffisamment avant de reprendre les activités.

Accessoires

Outre le port de combinaisons de protection, il peut être nécessaire d’utiliser des accessoires de protection tels que des chaussons de protection remontant jusqu’au mollet ou une protection de tête supplémentaire. On peut également se baser, lors du choix de ces accessoires, sur les normalisations visées plus haut. Toutefois, si la notification se limite à, par exemple, catégorie III de types 5 & 6, on peut en conclure qu’un tel équipement de protection protègera suffisamment contre de légères éclaboussures, mais pas contre de copieuses éclaboussures sous pression.

Conclusion

Le choix d’équipements de protection individuelle sera déterminé par une analyse de risques. La prestation de soins au chevet de patients porteurs de FHV requiert l’utilisation d’une protection adéquate, comme une combinaison de protection offrant un niveau de protection minimal de type 3 B ou supérieur. Ceux qui n’entrent pas en contact avec les patients mais assistent au déshabillage de ceux qui ont eu un contact avec ces patients ou avec la manipulation d’échantillons, de conteneurs de déchets fermés, etc. peuvent être suffisamment protégés avec un niveau inférieur d’EPI (exemple de type 5B ou 6B).

Références

  1. EN 14126:2004 Protection biologique. Performances requises et méthodes d’essai pour les vêtements de protection contre les agents Infectieux, CEN – Comité européen de normalisation, Bruxelles.
  2. Vêtements de protection contre les risques chimiques et biologiques. http://oshwiki.eu/wiki/Protective_clothing_against_chemical_and_biological_hazards.

 

 

 

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